Intervention de Martine Berthet à l’occasion du débat « Montagne »

Mr le ministre,
 
Je pensais vous alerter sur la nécessité pour les habitants de nos montagnes, de mesures qui leurs permettraient de continuer à y vivre, c’est à dire de pouvoir travailler et habiter avec leur famille dans ces lieux où ils sont nés.
 
Bien sûr, la question de l’habitat et de périmètres réservés aux gens du pays reste essentielle dans ces communes de montagne où foncier et bâtis sont inabordables pour les ménages.
 
À ce jour, il ne s’agit plus pour leurs habitants, de continuer à vivre en montagne, mais simplement d’y survivre et manger. Mr le ministre c’est, je vous l’assure, une grande inquiétude, la peur, l’angoisse qui s’installent. Ce sont déjà deux milliards de pertes pour la montagne française, sans compter tous les secteurs professionnels qui en découlent. À ces pertes qui vont aller croissantes, viendront s’ajouter celles liées à l’absence des touristes étrangers, soit une fréquentation de moitié par rapport à une année classique, mais paradoxalement favorable à une ouverture puisque moins de risques de contaminations, au delà de toutes les mesures sanitaires et de dépistage déjà organisées.
Je n’ose parler d’une fermeture prolongée en février, ce serait catastrophique, les hébergeurs tomberaient, entraînant tout le système pour des décennies.
 
Le tourisme hivernal représente pour notre pays 120 000 emplois et 10 milliards de chiffre d’affaire directs sans compter toute l’économie « de ruissellement ». Mais en station, les charges fixes sont colossales pour une année qui ne compte que 4 mois de recettes. Malgré le nouveau décret, le constat est que le fond de solidarité n’est pas adapté. Si on ne veut pas la destruction et la disparition en un seul trimestre de ce modèle économique,pourtant viable depuis plus de 60 ans, il est nécessaire de protéger mieux l’ensemble des acteurs.
 
Tous les types de commerces, hébergeurs, résidences de tourisme, villages et centres de vacances mais aussi médecins et pharmaciens, fournisseurs alimentaires (salaisons, fromage, vins et bières, ect…) ou de matériel, (magasins et acteurs du sport, artisans), tous ont besoin de la prise en charge de 70% de leurs frais fixes sur une année de décembre 2020 à décembre 2021, d’une considération par structure pour les groupes et quelque soit la taille des entreprises et de nouvelles mesures incitatives sur les loyers pour les bailleurs. Faute de cela, elles ne seront plus debout à l’ouverture de la prochaine saison, ni les emplois qui vont avec.
 
Aussi, Mr le ministre, dans quel délai le gouvernement entend-il prendre ces mesures complémentaires de survie afin que l’économie de la montagne générée directement ou indirectement par les stations en termes de ressources et d’emplois, (mais aussi par tous les secteurs et sous-traitants qui y sont liés: agriculture, viticulture, bâtiment et travaux publics, services, automobile, événementiel, ..), que les nombreux investissements et efforts déjà réalisés dans le sens d’une montagne durable ne l’aient pas été en vain, simplement que la vie même de toutes les familles concernées soit préservée ?