En 2022 et 2023, les tensions de recrutement déclarées par les entreprises ont atteint de nouveaux sommets : près des deux tiers des entreprises françaises rencontrent des difficultés à pourvoir les postes disponibles. Malgré des différences sectorielles ou géographiques, la pénurie aigüe de compétences est désormais généralisée.
L’incapacité à enrayer ces tensions au cours des dernières années, la difficulté à mettre en relation compétences et emploi est source de fragilité économique. Ces blocages sont d’autant plus incompréhensibles que le taux de chômage de la France reste élevé parmi les pays occidentaux, s‘établissant autour de 7 % – bien loin du plein emploi. Le nombre de jeunes n’étant ni en études, ni en formation, ni en emploi est encore de 13%.
Faut-il se résigner à cette situation insatisfaisante tant du point de vue de la croissance, puisqu’elle limite le développement du tissu économique français, que du point de vue social, chaque emploi vacant étant une opportunité ratée d’insertion professionnelle ? Faut-il accepter que des métiers essentiels à la vie de la Nation, comme les professions de la santé, de l’enseignement, les métiers de l’industrie ou du commerce, peinent à susciter des vocations ?
Les rapporteurs de la délégation aux Entreprises, Martine Berthet, Florence Blatrix Contat et Michel Canévet appellent à une action résolue en faveur des compétences, de la formation et de l’attractivité des métiers, pour transformer la crise actuelle en opportunité.
Une opportunité d’abord, parce que les grandes transitions qui s’annoncent entraîneront de nouveaux besoins et verront apparaître de nouveaux métiers : la transition environnementale bien sûr, mais aussi la transition numérique ou encore la transition démographique.
Une opportunité ensuite, parce que l’aspiration des Français à une vie professionnelle plus diversifiée, à la mobilité au cours de la carrière, et à de nouveaux modes d’organisation du travail peut contribuer à créer des passerelles entre secteurs et entre métiers : le potentiel de la reconversion et des transitions professionnelles est énorme.
Une opportunité enfin, parce que la prise de conscience des enjeux de réindustrialisation, de souveraineté sanitaire ou agricole peut redorer le blason de métiers souffrant aujourd’hui d’un fort déficit d’image. La rénovation de la formation
initiale et l’effort d’attractivité seront des enjeux majeurs pour engager la jeunesse française.
La délégation aux Entreprises formule, à l’issue de ses travaux, des recommandations stratégiques et concrètes pour réagir et accentuer l’effort en faveur des compétences.