Tribune Le Trombinoscope « Le mois de l’ESS : un évènement pour mettre en valeur des acteurs clefs du territoire. »
Les réflexions sur notre modèle économique post période crise sanitaire ont été un témoignage spontané de l’attachement des Français aux valeurs autour desquels les multiples acteurs de l’Economie Sociale et Solidaires (ESS) se réunissent depuis de très nombreuses années.
Gouvernance collaborative entre toutes les parties prenantes, poursuite d’un but d’utilité sociale, respect du principe de lucrativité limitée, sont les trois piliers qui constituent le corpus de valeur dont l’on célèbrera d’ailleurs, en 2024, les dix ans de la formalisation législative via la loi ESS.
Ces valeurs morales façonnent déjà de manière concrète notre économie. En France, c’est 14% de l’emploi salarié privé, 200 000 entreprises, 10% du PIB, etc. Derrière ces grands agrégats, ce sont des milliers d’associations, de fondations, de mutuelles, de coopératives qui maillent et participent à l’activité de nos territoires auxquels ils sont intrinsèquement liés. En Auvergne Rhône-Alpes, c’est par exemple 20 238 salariés de l’ESS dans l’aide à domicile (70% de l’emploi privé du secteur), 196 établissements sociaux d’aide par le travail et 116 entreprises adaptées ou encore près de 4,5 millions d’habitants protégés par une mutuelle.
Ce sont ainsi des acteurs économiques d’autant plus précieux pour la cohésion sociale qu’ils intègrent par le travail beaucoup de nos concitoyens éloignés du marché de l’emploi traditionnel.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres, le mois de l’ESS qui s’ouvre en novembre est le rendez-vous crucial pour valoriser les solutions plébiscitées par les Français et qui existent déjà. De fait, si un sondage de mars 2023 de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (UDES) montre que 72% des Français considèrent l’ESS comme en phase avec les évolutions de la société, trop encore ne se prononcent pas, faute de compréhension de ce que représente cet écosystème.
Au Sénat, chambre des territoires et composée d’élus locaux, nous sommes des témoins privilégiés de l’impact que ces acteurs peuvent avoir. Dans mon département de la Savoie je pense par exemple au pôle territorial de coopération économique Tri-vallées ou au lauréat 2021 PTCE émergent Fibr’Ethik.
C’est pour cela que nous veillons à accompagner cet écosystème, plus encore au regard des difficultés actuelles telles l’inflation, la fragilité sociale, etc.
D’une part, dans cet univers riche en initiatives et structures diverses, nous nous employons, notamment au sein du groupe d’étude Economie Sociale et Solidaire, à visibiliser ces acteurs et leur permettre de faire entendre leur voix dans les débats parlementaires. A l’heure où la multiplication tous azimuts des « belles initiatives » sature l’espace public, mettre en valeur ces acteurs qui sont guidés dans leur ADN par un impératif d’utilité social est un devoir important pour créer les conditions d’un débat démocratique sain et honnête pour nos concitoyens.
D’autre part, en levant les barrières législatives qui s’opposent encore à son développement. A ce titre, favoriser les collaborations avec l’économie traditionnelle est un axe important. Je suis trop souvent la témoin de frein que rencontrent des entreprises de l’ESS du fait du trop peu de ponts qui sont jetés entre ces deux mondes. Je pense par exemple au secteur de la réparation, où des acteurs dynamiques n’ont pas accès aux produits qu’ils pourraient recyclés.
C’est pour répondre aux nombreux défis de nos territoires que le mois de l’ESS sera comme chaque année, je l’espère, un évènement précieux.