Question de Mme la Sénatrice Martine Berthet à Mme la Ministre Barbara Pompili:
Je regrette l’absence de Mme Pompili, à qui cette question était destinée car la colère gronde chez les éleveurs.
Depuis quelques semaines, ils interpellent de nouveau, manifestent, proposent, essaient en vain d’être entendus, car ils sont sûrs d’une chose : ils ne pourront refaire une saison comme celle qu’ils viennent de vivre, aux attaques de loups incessantes, sur des territoires plus larges. Cette année, au-delà des habituelles brebis et chèvres, ce sont déjà une centaine de vaches et veaux qui ont été victimes du prédateur dans mon seul département, ainsi que des chevaux, ânes et chiens.
Et que dire quand ces agriculteurs n’ont pas d’autre choix que d’achever eux- mêmes le travail du loup sur des animaux qu’ils ont élevés avec soins ? Est-ce du bien-être animal ? Est-ce du bien-être au travail ? Votre entêtement Madame la ministre à gaspiller de l’argent public, car les indemnisations coûtent de plus en plus, votre entêtement à être dans ce contresens écologique est incompréhensible :
– Protection quoi qu’il en coûte d’une espèce mais disparition de combien d’autres : il n’y a plus un seul mouflon en Haute Maurienne depuis que les loups s’y sont installés, et que dire de la flore sur-piétinée dans les enclos de nuit !
– Loi Climat et résilience qui favorise le consommer local et durable, ce que nous voulons ! et en même temps vous empêchez nos éleveurs de produire laitages et viande.
Leurs demandes sont simples : un comptage contradictoire, la responsabilité en justice de l’Etat pour les chiens qui leurs sont imposés et des autorisations de tirs de défense simple systématiques en ZPP. Madame la Ministre quand les entendrez-vous ?
Réponse de Mme Bérangère Abba, Secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité :
Avec Barbara Pompili, je suis pleinement mobilisée pour assurer l’équilibre entre la préservation d’une espèce protégée et les activités pastorales indispensables à nos territoires. Nul n’ignore les incidences des prédations ; nous mesurons combien elles sont marquantes pour les éleveurs. Nous devons agir avec raison et le triple souci de nos éleveurs, de nos territoires et de la biodiversité. Dans le cadre du plan national, les comités départementaux prévoient des mesures au plus près du terrain, de l’effarouchement aux prélèvements éventuels. Parce que les comportements des prédateurs, la topographie et les types d’élevages sont très variables, il nous faut un dispositif agile. (Murmures à droite et au centre ; plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains imitent le cri du loup.) Les premiers résultats sont là : la prédation s’est stabilisée cette année, voire a légèrement reflué.
L’État est présent auprès des éleveurs pour indemniser leurs pertes. En réponse à la demande du Président de la République, nous allons ouvrir le sujet du comptage, car nous devons nous accorder sur des données objectivées. Il faut aussi des clarifications sur les chiens de troupeau. (Murmures prolongés à droite et au centre ; plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains imitent derechef le cri du loup.) Nous voulons avancer rapidement. Julien Denormandie s’est récemment rendu en Haute-Savoie sur ce sujet. Le préfet coordonnateur a insisté auprès des préfets compétents sur la nécessité de maintenir le pastoralisme, tout en assurant la préservation d’une espèce essentielle à l’équilibre des écosystèmes.
Mme Martine Berthet à Mme Bérangère Abba :
Ces promesses n’ont que trop duré. Il y a urgence. Nous voulons protéger nos agriculteurs, protéger nos AOP et IGP qui sont la reconnaissance de leur travail de qualité.
Nous voulons protéger nos paysages pour la sécurité de nos concitoyens et le maintien de notre économie touristique. Nous voulons protéger l’ensemble de notre biodiversité et non pas une seule espèce qui compte plus à vos yeux que la détresse de nos éleveurs et de leurs familles.